Dystrophie musculaire, type Duchenne

 

Gène impliqué : DMD (Dystrophin)

Mode de transmission : Liée au chromosome X récessif

Pour une maladie génétique récessive liée au chromosome X, un mâle doit avoir une copie de la mutation en question pour être à risque de développer la maladie. Tous les mâles affectés transmettent la mutation à toutes les femelles de leur descendance. Une femelle doit avoir deux copies de la mutation en question pour être à risque de développer la maladie. Les femelles qui ont une seule copie de la mutation ne sont pas à risque de développer la maladie, mais sont des animaux porteurs qui peuvent transmettre la mutation à la moitié de leur progéniture en moyenne.

Mutations :

Mutation Golden Retriever : Substitution (erreur d’épissage), gène DMD ; c.531-2 A>G, intron6-7

Mutation Braque allemand à poil court : Délétion de l’ensemble du gène DMD

Mutation (I) Épagneul Cavalier King Charles : Substitution (erreur d’épissage), gène DMD; c.7294+5 G>T

Mutation (II) Épagneul Cavalier King Charles : Délétion, gène DMD ; c.6057_6063 dél TCTCAAT, p.(N2021P fs)

Mutation Welsh Corgi Pembroke : Insertion, gène DMD ; insertion LINE-1 (4.8Kb) dans intron13 avec STOP prématuré

Mutation Épagneul Cocker : Délétion, gène DMD ; délétion 4 nt exon 65, fs STOP

Mutation Terrier Tibetan : Délétion, gène DMD ; grande délétion englobant l’exon8 à l’exon29

Mutation (I) Labrador Retriever: Insertion, gène DMD ; Insertion 184 nt entre exon19 et exon20 avec STOP prématuré

Mutation (II) Labrador Retriever : Inversion chromosomique de 2,2 Mb impliquant le gène DMD

Mutation (III) Labrador Retriever : Duplication chromosomique dans le gène DMD

Mutation Japanese Spitz : Inversion de 5.4Mb de chromosome X chromosome impliquant le gène DMD

Mutation Norfolk Terrier : Délétion, gène DMD ; c.3084 dél.G, p.(G1029N fs STOP 30)

Mutation Caniche miniature : Délétion de l’ensemble du gène DMD

Mutation Border Colly: Délétion, gène DMD ; c.2841 dél.T

Mutation Jack Russell Terrier : Délétion 368Kb dans le gène DMD

Mutation (I) Britany Spaniel : Insertion, gène DMD ; insertion du rétrogene (RSPYR1) dans intron20

Mutation (II) Britany Spaniel : Substitution, gène DMD ; c.8059 C>T, p.(Q2687 STOP)

Mutation Bouledogue français : Insertion, gène DMD ; c.3371_3372 ins.A, p.(F1125 fs)

Mutation Labradoodle : Substitution, gène DMD ; c.2668 C>T, p.(R890 STOP), exon21

Système médical : Musculaire

Races : Border Collie, Bouledogue français, Braque allemand à poil court, Caniche miniature, Épagneul breton, Épagneul Cavalier King Charles, Épagneul cocker américain, Golden Retriever, Jack Russell Terrier, Labradoodle australien, Labrador Retriever, Norfolk Terrier, Spitz japonais, Terrier tibétain, Welsh Corgi Pembroke

Âge d’apparition des signes cliniques : Variable, dependant de la mutation : de 8 semaines après la naissance jusque à chez le jeune adulte.

La dystrophie musculaire est une maladie caractérisée par un déclin et une faiblesse progressive des muscles squelettiques de l’animal.  Le gène DMD est un grand gène situé sur le chromosome X qui code pour la protéine Dystrophine, impliquée dans la contraction musculaire.  Des mutations spontanées du gène DMD peuvent donner lieu à une dystrophie musculaire chez plusieurs d’espèces, dont l’homme, le chien et le chat.  La dystrophie musculaire se caractérise par une destruction progressive des fibres musculaires avec une certaine niveau de reconstruction compensatoire mais inadéquat, et conduit souvent à la mort précoce de l’animal.  Puisque le gène DMD est situé sur le chromosome X, la dystrophie musculaire présente une hérédité liée au sexe, avec les animaux mâles affectés par la maladie et des mères sains mais porteuses de la mutation en question.  Comme les femelles porteuses sont facilement identifiées par leur progéniture mâle atteinte, les mutations du gène DMD à l’origine de la dystrophie musculaire tendent à s’autolimiter dans des pedigrees isolés.  Si la mutation du gène DMD entraîne une perte sévère de la fonction de la protéine Dystrophine, on observe le phénotype plus sévère de la dystrophie musculaire de Duchenne.  Si la mutation du gène DMD ne provoque qu’une perte partielle de la fonction de la protéine Dystrophine, on observe la dystrophie musculaire de Beckers, plus légère.  Il convient de noter que des mutations au sein de gènes autosomiques peuvent également être à l’origine de différentes formes de dystrophie musculaire.

La dystrophie musculaire a été identifiée et caractérisée pour la première fois chez le chien dans la race de Golden Retriever en 1992. Des mutations indépendantes au sein du gène DMD ont maintenant été identifiées dans un certain nombre de races. Les chiots atteints peuvent avoir de la difficulté à se faire allaiter, ce qui entraîne une diminution de leur taux de croissance. À l’âge de 6 à 8 semaines, une démarche anormale (en sauts de lapin) peut être évidente chez les individus affectés. Parmi les autres signes de la maladie, on peut remarquer une posture accroupie, une courbure de la colonne vertébrale et de la salivation excessive. Les chiots atteints sont souvent euthanasiés pour des raisons humanitaires. Cependant, les symptômes et la progression de la maladie peuvent être variables et les animaux légèrement atteints peuvent survivre pendant plusieurs années. Puisque le gène Dystrophin se trouve sur le chromosome X, la maladie présente une hérédité liée au sexe entre les générations : les femelles porteuses non affectées transmettent la mutation et la maladie à la moitié de leur progéniture mâle. Comme les mâles atteints sont évidents et que les femelles porteuses sont facilement identifiées par les tests ADN, la maladie tend à s’autolimiter au sein d’une race.

 

Références :

Lien OMIA :  [1081-9615]

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Contribution par : Laurie-Maude Huot et Iris-Andrea Garcia-Rosales, promotion 2027, et Jeanne St-Germain et Alice Beillouin, promotion 2028, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal.