Leukoencéphalomyélopathie (LEMP)

 

Gène : NAPEPLD

Mode de transmission : Autosomique récessif

Pour une maladie génétique autosomique récessive, un animal doit avoir deux copies de la mutation en question pour être à risque de développer la maladie.  Les deux parents d’un animal affecté doivent être porteurs d’au moins une copie de la mutation.  Les animaux qui n’ont qu’une seule copie de la mutation ne risquent pas de développer la maladie, mais ils sont porteurs et peuvent transmettre la mutation à leur descendance.

Mutations :

Mutation Grand danois, Rottweiler : Insertion, gène NAPEPLD ; c.345_346 ins. C, p.(E116R fs STOP 186), exon3, chr.18.

Mutation Leonberger : Substitution, gène NAPEPLD ; c.538 G>C, p.(A180P), chr.18.

Système médical : Neurologique

Races : Grand danois, Leonberger, Rottweiler

Âge d’apparition des signes cliniques : Entre 1 an et 4 ans.

La leucoencéphalomyélopathie (LEMP) est une maladie neurodégénérative d’apparition juvénile décrite dans la race Rottweiler depuis les années 1980 et, plus récemment, dans la race Leonberger.  La LEMP est une leucodystrophie, une maladie de dépérissement du tissu myélinique, impliquant la perte progressive des gaines de myéline dans la substance blanche du système nerveux central.  Les signes cliniques comprennent une ataxie généralisée progressive des quatre membres, une hypermétrie lors des mouvements et une perte de la proprioception consciente. Les réflexes ne sont pas affectés et il n’y a pas de signe d’atrophie musculaire.  La perte de myéline est évidente à l’examen histologique du tissu neural des animaux atteints. Bien que le moment de l’apparition de la maladie et les signes cliniques spécifiques varient d’un animal à l’autre, la présentation générale de la maladie est similaire dans les deux races de chiens.

Des études moléculaires chez le Léonberger ont permis d’identifier une mutation homozygote du gène NAPEPLD comme responsable de la LEMP chez cette race.  Le gène NAPEPLD code pour une enzyme appartenant au système endocannabinoïde du système nerveux central et est impliqué, entre autres, dans l’intégrité structurelle de la gaine de myéline des neurones.  Une vaste étude sur les chiens de race Leonberger a révélé une fréquence de porteurs (M/N) de 15,6 %.  Environ 1 % des animaux doublement mutants ne présentaient pas de symptômes, ce qui indique une pénétration variable de la mutation, des différences individuelles dans la progression de la maladie et peut-être la présence de gènes modificateurs.  Il a été conclu que la mutation au sein de la race Leonberger est un événement relativement récent.

Des études moléculaires chez la race Rottweiler ont permis d’identifier une mutation homozygote distincte dans le gène NAPEPLD comme étant responsable de la LEMP dans cette race.  Une étude portant sur 229 chiens a révélé une fréquence de porteurs de 7,1 %.  Une étude similaire menée chez le Grand Danois a révélé une fréquence de portage de 9,2 %.  Il a été conclu que la mutation NAPEPLD observée dans la race Rottweiler est considérablement plus ancienne que la mutation observée dans la race Leonberger.

La disponibilité des tests ADN permettra aux éleveurs d’identifier les animaux porteurs des mutations NAPEPLD, ce qui leur permettra, par le biais d’un élevage sélectif, d’éliminer la LEMP et éventuellement les mutations responsables de leurs races.

 

Références :

Lien OMIA : [1788-9615]

Minor KM, Letko A, Becker D, Drogemuller M ,et al. (2018)  Canine NAPEPLD-associated models of human myelin disorders.  Scientific Reports 8:5818  [pubmed/29643404]

Oevermann A, Bley T, Konar M, et al. (2008) A novel leukoencephalomyelopathy of Leonberger dogs.  J Vet Intern Med. 22(2):467-71. [pubmed/18371035]

Gamble DA, Chrisman CL. (1984) A leukoencephalomyelopathy of Rottweiler dogs. Vet Pathol 21:274-80.  [pm/6730216]

 

Contribution par : Marilou Guité et Alexandre Dubé, promotion 2028, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal.