Profil génétique du chien – Collapsus induit par l’exercice (EIC)
Rédaction par Dre Emily Morgan BSc, DMV
(Traduction DR)
Collapsus induit par l’exercice (EIC, « Exercise Induced Collapse ») est une maladie génétique neuromusculaire des chiens observée chez les races de chiens d’arrêt (Labrador Retriever, Retriever de la Baie de Chesapeake, Retriever à poil bouclé) ainsi que plusieurs autres races telles que le Old English Sheepdog et le Welsh Corgi Pembroke. Comme son nom l’indique, la maladie implique un effondrement physique précipité par l’exercice.
Les signes cliniques d’EIC
Les épisodes (symptômes) d’EIC apparaissent pour la première fois lorsqu’un jeune chien commence un entrainement intensive, généralement entre l’âge de 5 mois et 1 an. L’exercice normal ne stimule pas un épisode, alors que 15 à 20 minutes d’exercice intense et d’excitation le seront. Les signes d’un épisode comprennent la faiblesse des membres (en particulier les membres postérieurs), l’ataxie et l’effondrement. La douleur n’est pas une caractéristique et les chiens restent mentalement alertes pendant les épisodes. Après un épisode, les chiens retrouvent dans la plupart des cas un état physique normal, généralement dans les 60 minutes. Occasionnellement, les épisodes d’EIC peuvent être mortels.
Susceptibilité et transmission
L’EIC est une maladie génétique récessive, ce qui signifie qu’un individu avec deux copies du gène muté (M/M) est à risque de développer des symptômes. De plus, la maladie est autosomique, qui veut dire que les deux sexes peuvent être affectés.
Les deux parents d’un animal atteint doivent être porteurs (M/N) ; ils ont chacun une copie de la mutation. On dit que l’EIC a une pénétrance variable car tous les individus avec deux copies du gène muté (M/M) ne présentent pas d’épisodes d’effondrement. Cependant, cela peut être dû au fait que certains de ces chiens n’ont pas connu d’exercice ou d’excitation suffisamment intense pour déclencher un épisode.
Le profil génétique de l’EIC
La mutation à l’origine de l’EIC est une simple substitution d’une lettre d’ADN (base) par une autre. Plus précisément, à la position 767 du gène DNM1, un G est remplacé par un T. Le gène DNM1 code pour la protéine Dynamin-1, et lorsque le gène est muté, une protéine Dynamin-1 non fonctionnelle est produite. La protéine Dynamin-1 joue un rôle important au niveau de la jonction neuromusculaire où elle est impliquée dans la transmission des signaux nerveux aux muscles. La protéine Dynamin-1 est nécessaire pour le recyclage des molécules de neurotransmetteurs via l’endocytose (récupération) des vésicules synaptiques qui contiennent le neurotransmetteur.
Chez les chiens mutants homozygotes (M/M), avec une protéine Dynamin-1 défectueuse, une activité normale et même un exercice léger ne présenteront pas de problème. Cependant, un exercice intense chez ces chiens entraîne une situation de sur-demande mais de sous-alimentation en neurotransmetteur et un échec de la transmission du signal nerveux aux muscles. Cela précipite l’effondrement physique observé dans l’EIC.
Les individus homozygotes pour l’allèle mutant (M/M) risquent de développer un EIC, selon le niveau d’exercice. Les individus hétérozygotes (M/N, porteurs) ne présentent pas de risque accru de collapsus. Cela suggère, qu’il suffit d’avoir une bonne copie du gène DNM1 pour fournir suffisamment de protéine Dynamin-1 fonctionnelle pour empêcher l’effondrement pendant un exercice modéré à intense. Si les animaux porteurs sont utilisés pour la reproduction, la version mutée du gène DNM1 peut être transmise aux générations futures.
Les tests génétiques préventifs disponibles
Les tests ADN sont disponibles pour détecter la mutation responsable de l’EIC. Ces tests sont accomplis par la récupération d’ADN, généralement à partir d’un écouvillon buccal ou d’un échantillon de sang, suivie par l’amplification et le séquençage du site de mutation.
Les chiens qui subissent des épisodes d’effondrement après l’exercice peuvent être testés pour identifier les individus homozygotes pour la mutation (M/M) et pour diagnostiquer une prédisposition à l’EIC. Les individus ayant un potentiel de reproduction peuvent être testés pour détecter les animaux porteurs (M/N) et pour identifier les animaux clairs (N/N). Un animal porteur (M/N) avec une génétique par ailleurs bonne est toujours utile dans les programmes d’élevage s’il est accouplée à un animal clair (N/N). Pour un accouplement « clear » (N/N) par porteur (M/N), en moyenne la moitié des chiots nés sera N/N (clear) pour l’EIC et la moitié sera M/N (porteur). Surtout, aucun chiot ne sera un double mutant M/M à risque de contracter la maladie. Cette méthode de sélection réduira la prévalence de l’EIC au sein des races sensibles.
Les fréquences de mutation
Les échantillons pour les tests l’EIC reçus par Labgenvet proviennent à la fois de cliniques vétérinaires et d’éleveurs. Les profils ADN pour les échantillons N/N (clear), M/N (porteur) et M/M (double mutant, à risque) reçus et les pourcentages globaux de ces cas sont indiqués, comme dans l’illustration ci-dessous :
Ces résultats peuvent être vus plus précisément pour des races spécifiques :
Les tests limités dans plusieurs races supplémentaires (Berger belge, Gordon Setter, Épagneul cocker anglais, Épagneul Boykin) ont jusqu’à présent fourni des résultats N/N (clear).
Références:
- Furrow E, Minor KM, Taylor SM et al. (2013) Relationship between dynamin 1 mutation status and characteristics of recurrent episodes of exercise-induced collapse in Labrador Retrievers. J Am Vet Med Assoc. 15;242(6):786-91. [pubmed/23445289]
- Minor KM, Patterson EE, Keating MK et al. (2011) Presence and impact of the exercise-induced collapse associated DNM1 mutation in Labrador retrievers and other breeds. Vet J. 189(2):214-9. [pubmed/21782486]
- Patterson EE et al. (2008) A canine DNM1 mutation is highly associated with the syndrome of exercise-induced collapse. Nature Genetics 40(10) :1235. [pubmed/18806795]